Tailwind CSS : puissant, mais à quel prix pour le HTML sémantique ?
Difficile de passer à côté de Tailwind CSS aujourd’hui. C’est devenu un des outils front les plus populaires, et je comprends pourquoi. Sa logique utilitaire permet de construire des interfaces rapidement, sans avoir à écrire une seule ligne de CSS classique. On reste dans le HTML, on enchaîne les classes comme des legos, et tout prend forme très vite.
Mais justement… c’est là que le bât blesse.
Avec Tailwind, tout passe par des classes utilitaires. Le padding, la couleur, la typo, les effets au survol : tout est dans le balisage HTML. Très vite, on se retrouve avec des blocs <div>
qui contiennent 8, 10, 15 classes. Le code devient dense, chargé, parfois difficile à lire. Et surtout, on oublie un peu le sens du HTML.
Parce qu’à la base, HTML ce n’est pas juste une structure : c’est une sémantique. Chaque balise a une signification. Un <section>
, un <article>
, un <nav>
, un <aside>
, ce ne sont pas juste des conteneurs — ce sont des repères pour les navigateurs, les lecteurs d’écran, les moteurs de recherche. Et quand on noie tout dans une suite de classes Tailwind, cette lisibilité-là disparaît un peu.
On revient sans le vouloir à cette époque où tout était des <div>
partout, avec des IDs et des classes à rallonge pour compenser l’absence de structure claire. Alors qu’avec HTML5, on avait justement fait l’effort de remettre un peu d’ordre, de rendre le code plus signifiant, plus accessible, plus maintenable.
Attention, je ne dis pas que Tailwind est un mauvais outil. Bien utilisé, il peut être très propre, surtout si on prend le temps de créer des composants réutilisables ou de bien organiser ses templates. Mais ce n’est pas magique. Si on se contente d’empiler des classes à la volée sans réfléchir à la structure du contenu, on perd vite ce qui fait l’essence du web.
Alors oui, Tailwind est puissant. Oui, il peut faire gagner du temps. Mais il mérite d’être utilisé avec soin, avec un minimum de rigueur, et surtout sans oublier que le HTML, ce n’est pas juste un support au style, c’est un langage de sens, et c’est lui qui structure nos pages avant même que le CSS ne les rende jolies.